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Le Corbusier, pionnier de l’architecture moderne

Célèbre dans le monde entier, Charles-Édouard Jeanneret, dit Le Corbusier, est l’un des pionniers de l’architecture nouvelle. Découvrez le portrait de celui qui imagina la splendide Villa Savoye.

Les premiers pas d’un architecte visionnaire

Charles-Édouard Jeanneret naît le 6 octobre 1887 à La Chaux-de-Fonds, en Suisse. Dans sa jeunesse, il commence une formation de graveur-ciseleur, mais abandonne cette carrière suite à un problème de vue. Il s’oriente alors vers la peinture. Cependant, son professeur, Charles L’Eplanttenier, juge son talent insuffisant et l’oriente vers la décoration et l’architecture. Un domaine pour lequel le jeune homme se prend de passion !

En 1917, il s’installe à Paris et rencontre Amédée Ozenfant, un peintre français, pionnier du Mouvement moderne. Avec lui, il travaille à l’émergence du purisme, une nouvelle doctrine esthétique inspirée du cubisme, mais prônant une représentation sobre et épurée. Ils fondent aussi L’Esprit nouveau, une revue d’art et d’architecture, en 1920. Trois ans plus tard, en 1923, Charles-Édouard publie Vers une architecture, qui devient rapidement un ouvrage de référence ! C’est à cette époque qu’il prend le pseudonyme de Le Corbusier, en hommage à son arrière-grand-mère Caroline Le Corbésier.

Au début des années 1920, Le Corbusier s’associe à son cousin, Pierre Jeanneret, pour ouvrir un cabinet à Paris. Entre 1922 et 1925, il imagine des « immeuble-villas », un projet de logement collectif superposant des duplex avec terrasses. La question de l’habitation sociale l’intéresse et il théorise un procédé d’assemblage simple et rapide, fait de dalles et de poteaux en béton : « Dom-ino ». Toutefois, aucun projet ne lui est confié.
 

Portrait de Charles-Édouard Jeanneret, dit Le Corbusier (1887-1965)

© Jan Martel / Joël Martel - ADAGP © Philippe Berthé / Centre des monuments nationaux

La villa Savoye, point d’orgue du purisme

En 1927, Le Corbusier est réputé pour son approche avant-gardiste. Il a déjà dessiné une douzaine de maisons résolument contemporaines pour des clients fortunés, basés à Paris et sa banlieue ouest. Il participe également à divers concours internationaux, publie de nombreux articles dans des revues et multiplie les conférences en France et à l’étranger. Cette année-là, il définit les cinq points de l’architecture nouvelle, combinant lois d’habitation et mathématiques.

L’année suivante, Le Corbusier reçoit une commande décisive, qui va lui permettre d’illustrer ses idées novatrices. Propriétaires d’un vaste terrain à Poissy, Pierre et Eugénie Savoye souhaitent faire bâtir une résidence où accueillir leurs amis le week-end. L’architecte se lance dans la conception d’une maison de campagne, pour laquelle il imagine 6 variantes différentes ! La structure finale est de type poteaux-poutres, en béton armé, tandis que les murs sont en parpaings. Recouvert d’enduit blanc, l’édifice dégage une impression de modernité et d’unité.

Le Corbusier achève la villa Savoye en 1931. Dans son Œuvre complète, il la décrit comme « un objet posé au-dessus du sol, au milieu du paysage ». Immaculé, bouleversant les codes traditionnels, l’édifice marque l’apogée des projets puristes de Le Corbusier et s’impose comme une réalisation majeure du XXe siècle !

Villa Savoye, vue de l'est

© FLC (Fondation Le Corbusier) - ADAGP © Jean-Christophe Ballot / Centre des monuments nationaux

L’après-guerre, inspiration et innovation

En 1945, Le Corbusier fait breveter son propre système métrique : le Modulor. Celui-ci repose sur une approche de la morphologie humaine, combinée aux proportions du nombre d’or.

L’outil sert à concevoir des unités d’habitation, dans le prolongement du travail mené par l’architecte dans les années 1920. En se basant sur une silhouette standardisée, le bras levé, ce dernier cherche à harmoniser la relation entre l’humain et son espace vital, pour un confort maximal.

Le Modulor de Le Corbusier sur la façade ouest des Unités de camping

© FLC (Fondation Le Corbusier) - ADAGP © Stéphane Couturier / Centre des monuments nationaux

La construction de nouvelles habitations est justement au cœur des préoccupations dans une France ravagée par la Seconde Guerre mondiale.

C’est ainsi que, entre 1947 et 1952, Le Corbusier travaille sur un nouveau projet d’immeuble sur pilotis, accueillant 1 600 personnes et regroupant magasins et services : la Cité radieuse de Marseille !

Il décline ensuite ce concept pour la Maison radieuse de Rezé (1953-1955) et l’Unité d’habitation de Firminy-Vert (1965).

La Cité radieuse

© Émeric Feher / Centre des monuments nationaux

Dans cette période d’après-guerre, son style évolue vers le brutalisme, adoptant plutôt des formes massives, géométriques, des matériaux bruts et des couleurs primaires.

En témoignent des réalisations comme l’usine Claude et Duval (1948-1951), à Saint-Dié-des-Vosges, mais aussi la célèbre chapelle Notre-Dame-du-Haut à Ronchamp (1953-1955). À l’étranger, on retiendra le Carpenter Center for Visual Arts (1963) à Harvard et la ville de Chandigarh en Inde (1955-1965).

Figure emblématique de l’architecture du XXe siècle, Le Corbusier s’éteint en 1965, à l’âge de 77 ans. Dix-sept de ses réalisations figurent aujourd’hui sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, dont la magnifique villa Savoye !

Couvent Sainte-Marie-de-la-Tourette, façade sud : fenêtres carrées, perspective, diagonale

© FLC (Fondation Le Corbusier) - ADAGP © Jean Sabrier / Centre des monuments nationaux

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